L’arbre à contretemps

cerisier-fleurs

Dans le fond du jardin, l’unique cerisier
Se laisse un peu aller. Comme il se sent costaud,
Il s’étale partout. Il faudrait l’élaguer
Car il devient gênant. Mais c’est encor trop tôt !

C’est avant, d’habitude – à Sainte Catherine –
Que sa sève tarit, qu’il se repose enfin !
Mais comme cette année le beau temps qui lambine
Ne veut point concéder un pouce du terrain,

L’arbre embobeliné se croyant au printemps
Bourgeonne à qui mieux mieux sans être raisonnable.
Peut-il encor fleurir ? N’en demandons pas tant,
Et mieux vaudrait pour lui qu’il soit bien moins aimable.

Toujours aussi actif, le soleil goguenarde :
Se fichant de l’hiver, de sa maussade humeur,
Il occupe le ciel de force, à la hussarde,
Gorgeant de sa lumière et la terre et les fleurs

Et trompant méchamment notre vieux cerisier.
Nous sommes embêtés, nous ne savons que faire,
Ne pouvant l’élaguer sans le faire saigner !
Fichu réchauffement qui crée bien des misères…

Mais l’arbre semble heureux sous l’ultime lumière,
Toujours gavé de sève en sa pleine verdeur.
C’est le onze novembre. Allons boire une bière
Sous son ombrage fou et sa tiède fraîcheur !

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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3 réponses à L’arbre à contretemps

  1. Sandoz Denis dit :

    Bientôt « le Temps des Cerises » ne voudra plus rien dire !… ou il sera permanent…!? lui que la chanson dit si court. Rêvons…

  2. Il n’y aura peut-être plus de printemps que dans le coeur des gens…

  3. Lu sur Facebook :

    de François Aronssohn :

    « Délicieux et plein de sens ! »

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