Poème illustré par un tableau de :
Gustave Courbet
(1819-1877)
Le vent hurle dehors. L’homme a froid jusqu’au cœur
Bien qu’un feu pétillant brasille d’étincelles
Dans l’âtre du salon. La lumière ruisselle
Du grand lustre allumé pour éloigner sa peur
Car il a l’impression qu’aux alentours une ombre
Rôde indéfiniment, issue d’un passé noir
Et de noirs souvenirs. Peu à peu la pénombre
Encercle la maison dans les vapeurs du soir,
L’enfermant sous le dôme étrange de la nuit.
Le vieux mas isolé vibre dans la tourmente
Et il lui semble entendre une voix qui gémit,
La voix d’un spectre blond qui erre et qui le hante
Depuis qu’il a… Bon Dieu ! Toute la maison tremble
Comme prête à crouler sous les assauts du vent.
Pourquoi l’avoir trompé ? Ils étaient bien ensemble…
Depuis vingt et trois jours, plus rien n’est comme avant…
La porte bouge un peu. Il lui semble qu’on rit
Pour mieux le provoquer pas bien loin sur la lande…
Il est tellement seul. Lui-même s’est proscrit
Du monde des humains et de leur sarabande
En se faisant justice et en… Il faut qu’il dorme,
Qu’il essaie tout au moins, pour fuir ce cauchemar
Qui tourmente ses nuits, cette terreur énorme
Qui le fait se coucher toujours un peu plus tard…
Il n’en peut vraiment plus. Il va devenir fou.
Puisse le vent rayer sa maison et sa vie
D’une folle bourrasque, effaçant d’un seul coup
Ce qui le ronge tant ! Il a tué Sylvie…