Poème illustré par un tableau de :
Olivier PFLéger
Au début du printemps, Marseille se fait belle.
Elle sort son soleil, astique ses pointus*,
Nettoie les graffitis de ses quartiers pentus,
Oublie le souffle froid dévalant des ruelles
Et qu’elle doit subir quand elle s’abandonne
Au terrible mistral qui s’insinue partout.
Comme c’est un pervers, il tourneboule tout,
Essayant de contrer le plaisir que nous donnent
Les tout premiers bourgeons aux branches d’un platane.
Depuis peu cependant il est un peu faiblard
Et reste dans le Nord comme un vrai pantouflard.
Nous en profitons bien. L’on déguste et l’on glane,
Le nez tout frémissant, moultes senteurs nouvelles.
Car le printemps sent bon, en ville comme ailleurs ;
Surtout tôt le matin, lorsque rien n’est meilleur
Que d’en chercher la trace en la moindre venelle
Descendant du Panier.* La ville qui s’éveille
S’émerveille soudain de découvrir des fleurs
Nichées un peu partout, et d’en sentir l’odeur
Jusqu’au coeur du Vieux Port. Une écharpe vermeille
Etale à l’horizon ses lueurs printanières.
Le soleil mordoré en sort très lentement,
Peut-être un peu inquiet du travail qui l’attend !
Il paraît peu pressé d’émettre sa lumière,
Mais nous avons le temps. La matinée est claire.
Comme nous, les gabians* se sont levés très tôt,
Volant en escadrille au-dessus des bateaux.
Depuis quelques matins la vie est plus légère.
* Pointu : petit bateau de pêche marseillais
* Le Panier : vieux quartier pittoresque de Marseille
*Les gabians : A Marseille, les mouettes