Au début de l’été, des belles déambulent
Dans les rues inclinées descendant vers la plage.
Les filles de Marseill(e) ne sont point assez sages
Pour délaisser l’eau bleue et qui tintinnabule
Comme les bracelets enserrant leurs poignets ;
Ces jolis poignets nus ornés par le soleil
D’une ombre de lumière et d’un hâle vermeil ;
Ces poignets indomptés que voudraient empoigner
Pour enfin les mater bon nombre de cacous*.
Les belles n’en ont cure, et dans les escaliers
Les menant au plaisir, vont gorge déployée,
Se tenant par la taille et parfois par le cou.
Elles vont à la plage, et leur long pas dansant
Les mène vers l’Eden au sable tiède et roux.
L’on n’y entend encor que les cris aigres-doux
Des gabians* effrontés et braillards s’élançant
Vers la surface calme et diaprée de la mer.
Pas encor trop de monde car il est encor tôt !
Au loin, beuglant trop fort, un énorme bateau
Perturbe l’horizon de sa masse de fer,
Mais les belles en rient. Elles foulent le sable
Jusqu’à un coin désert et puis se déshabillent,
Jetant par dessus-bord de charmantes guenilles
Les rendant, s’il se peut, encor plus désirables.
* Cacou : Jeune marseillais qui fait le malin !
* Gabians : Les mouettes, à Marseille