La neige a tant gonflé les pentes du Cousson
Qu’il est tout rebondi, comme un sommet des Vosges
A la fin de l’hiver quand le grand froid proroge
Un long enneigement. Seuls quelques gros buissons
Posent leur ombre bleue sur l’épais duvet blanc.
Mais comment donc le ciel transparent et limpide,
Où ne transparaissait pas une seule ride,
A-t-il pu cette nuit déverser sur les flancs
De la rude montagne ces milliards de flocons
Impalpables et drus qui l’ont transfigurée ?
La neige a amolli ses pentes acérées
Et ses crêtes bombées ont des airs de ballons.
Mais est-on vraiment sûr qu’on n’est pas en Alsace,
Et ce sommet en boule est-il bien du Midi ?
Le Cousson est dodu et son ventre arrondi
Lui donne ce matin une certaine grâce
Qui n’est point malvenue ni même déplaisante.
On a rarement vu une telle épaisseur
De neige au bord de l’Asse. Et c’est tout en douceur
Que l’eau de la rivière aujourd’hui somnolente
Clapote en chuchotant le long de la falaise.
La couche accumulée étouffe tous les bruits :
La montagne est muette, il n’y a pas un cri
Car même les choucas désorientés se taisent.