Trois oiseaux sont posés sur un fil électrique,
Trois tout petits oiseaux légers comme trois plumes ;
Des plumes colorées où le couchant allume
En pétillement d’or des flammes symétriques.
Et puis en voici vingt qui viennent se percher
Sur le fil du dessous. Leur petit corps habile
Reste pour le moment tout aussi immobile
Que celui des premiers, fermement accrochés
A ce curieux perchoir, alignés bien en ordre
Sur les fils bien tendus. Et voilà d’autres amis
Ralliant leurs commensaux qu’on dirait endormis
Tant ils semblent passifs, ignorants du désordre
Qui secoue la grand’ville houleuse en contrebas.
Le long réseau des fils dessine une portée
Sur le ciel marseillais. La troupe déportée
Du fond de l’horizon qui rougeoie tout là-bas
Pépie à qui mieux mieux la chanson dessinée
En notes emplumées par tous ces petits corps ;
Un chant revigorant faisant fi de la mort
A l’affût sur la voie qui leur est destinée
Pour rejoindre le Sud. De tout petits oiseaux,
Obligés par l’automne à bientôt s’envoler :
Une partition vive et gaie pour survoler
Cette mer redoutée dont ils craignent les eaux.