Dis-moi, Vent de l’automne, quel plaisir te procure
Le fait de secouer le grand micocoulier ?
De tenter d’arracher le très vieil olivier
Qui dort dans mon jardin ? Mais il a la vie dure ;
Sous tes coups de boutoir, on peut même l’entendre
Grincer pour te défier. Il est tellement vieux
Que rien ne peut l’atteindre, et tu ferais bien mieux
D’oublier ton projet… Bon sang ! Je viens d’étendre
Ma lessive au soleil. Le linge flotte et danse
Comme s’il était ivre… Il est bien accroché,
Mais tu es un costaud capable d’arracher
A sa mère un bébé, d’autant plus que tes transes
Sont vraiment insensées depuis presque deux heures.
Boudiou, fichu mistral, tu viens de me voler
Un chemisier vieillot – le moche, le violet –
Pour l’emporter au loin. Une faute mineure :
Je ne l’appréciais plus ! Mais je t’en prie, épargne
Celui que j’aime tant, offert par mon amant.
Aussi précieux pour moi qu’un joli diamant !
Las ! Tu es trop empli de bêtise et de hargne
Pour pouvoir me comprendre. Et me voici partie,
Courant dans l’ouragan pour arracher mon linge
A tes tours malveillants… Bientôt un sèche-linge
Viendra me seconder pour gagner la partie !