Le ciel lourd est très noir, posé comme un couvercle
Sur le village gris où rien ne bouge plus.
Pas un souffle de vent sous le terrible cercle
Sombre comme la nuit, là-haut, juste au-dessus
Des vieux toits bien serrés les uns contre les autres.
Leurs pans tout biscornus sont secs depuis juillet
Et leurs tuiles roussies. Quelques matous s’y vautrent,
Les seuls à apprécier la touffeur de l’été.
La ligne d’horizon est curieusement claire,
Car autour du couvercle un cerne de ciel bleu
Emet étrangement un halo de lumière.
Mais la nuit vainc le jour, le gomme peu à peu,
Bien que des éclairs blancs lient le ciel à la terre.
Un réseau électrique au rythme grésillant
Strie les nues sans arrêt. Une pluie salutaire
Serait la bienvenue ! Tout le monde l’attend
Sous la coupole noire où stagne la tempête.
On a tous l’impression que l’éther est pesant,
Qu’un glaive est suspendu au-dessus de nos têtes,
Qu’il va bientôt tomber, nous anéantissant.
Le dôme du ciel lourd pèse comme un couvercle
Sur Lambesc accablé. Les oiseaux se sont tus.
L’orage qui grossit peu à peu nous encercle ;
Un éclair a frôlé un haut cyprès pointu.