Poème illustré par un tableau de :
Joseph Bayol
www.josephbayol.com
La mer infiniment dodeline et soupire
Au-delà du Pharo, de ses roches d’argent.
La mer-éternité brimbale immensément,
Et ses flots cognent dur la côte que déchire
Le temps démesuré qui sait prendre son temps.
La mer martèle fort les grandes pierres grises
Qu’elle rompt, qu’elle mord, qu’elle broie, qu’elle brise
En tout petits fragments avalés goulûment.
Sans jamais se lasser la mer frappe la ville,
Arrachant des éclats aux plages et aux ports ;
Les vagues tambourine(nt) et des bribes de mort
Voltigent dans l’écume où le soleil vacille
Avant de s’enfoncer derrière l’horizon.
Insidieusement la mer corrode et ronge
Marseille l’insolent qui croit en son mensonge
Et se pense éternel avec peu de raison.
La Méditerranée s’en moque et le dévore
A petites bouchées, sans trop de branle-bas.
Elle sait qu’elle est forte et que rien ici-bas
N’est bâti pour durer ! Que le temps omnivore
Est comme elle un tueur parfaitement normal…
Elle effrite le roc, elle érode la côte.
Infiniment patiente, elle use, elle grignote
La ville qui se meurt en ignorant son mal.