Je hais le vent d’hiver et ces longs beuglements
Qu’il pousse à la folie quand il est déchaîné ;
Quand il se rue du Nord vers le Midi pelé
Par le gel de décembre. Il est le vent dément
Qu’on appelle mistral au pays de Provence.
Il est le vent d’hiver, dont les hululements
D’animal pris au piège et né du Léviathan
Font trembler les maisons et leurs toits en souffrance
Sous ses coups de boutoir. Il est un monstre froid
Ne sachant que souffler haine et grand’démesure ;
Torturant les bateaux, déchirant les voilures,
Il n’aime qu’engendrer la tourmente et l’effroi.
Il ne craint que la pluie : c’est elle qui le vainc
De ses longs doigts glacés et qui le paralysent.
Il se calme soudain et la mer devient grise
Sous le doux clapotis. Et le vent fou qui geint
S’effondre sur lui-même en devenant soupir ;
Et puis il disparaît, soufflé comme la flamme
D’une simple bougie dont on a éteint l’âme.
La Méditerranée peut enfin s’assoupir…