Savez-vous qu’autrefois il y eut à Marseille
Le seul téléphérique immergé par le monde ?
Et l’on peut toujours voir, mangée par le soleil,
Abandonnée de tous, inconnue à la ronde,
Sa gare de départ aux quatre roues rouillées
Par la mer et le sel, la lumière et le vent.
En contrebas du vieux sentier des douaniers,
Tout démantibulé, attendant vainement,
L’engin a fait son temps malgré son grand succès
Lors de sa construction. Car pour un simple tour
D’un tout petit quart d’heure, on s’y précipitait :
Quel ébahissement en voyant tout autour
De la cabine jaun(e) le monde sous-marin !
Et les six voyageurs d’alors se rengorger,
Conquérants esquichés* surmontant un ravin
De dix mètres de fond : de vrais aventuriers !
Joie pour les Marseillais, trente mille billets
Vendus en dix huit mois! Incroyable sortie
Où l’on s’émerveillait pour dix francs le trajet :
Le prix du cinéma, celui de deux pastis!
Puis sans savoir pourquoi, il n’a plus fonctionné :
Disparu corps et biens après soixante-huit
Et laissant tous ses fans déçus et dépités.
C’était si rigolo : réparez-le nous vite !
*Trop serrés les uns contre les autres !