Du plus haut des sommets, la lumière ruisselle,
Coulant vers la vallée comme un long fleuve d’or.
Le tout jeune soleil pétille et étincelle
Accroché au ciel bleu. Nous n’osons croire encore
Que l’hiver est fini, que le printemps fleurit !
Il y a dans les creux des petits tas de neige
Pas tout à fait fondus, dont les bords ramollis
Par la prime chaleur sont soutachés du beige
De la gadoue naissante. Et voici sur la pente
Des crocus bleu-lilas qui pointent leur museau
En forme de coupelle. Il se peut qu’ils te tentent,
Mais ne les cueille pas ! Rengaine tes ciseaux,
Ta vile tentation : tout premiers messagers
De la neuve saison, il faut les laisser vivre
Et fleurir les prés bleus. Ce sont les horlogers
Marquant le premier top d’un printemps déjà ivre
De sa propre jeunesse et de son harmonie.
La montagne verdit sous le ciel transparent
Où flirtent des oiseaux prêts à faire leur nid.
Savoure cet air pur : son goût est différent…