Poème illustré par un tableau de :
Noël Castinel
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Il est moche, il est tout tordu.
Un plumeau sec d’épines brunes
Le coiffe d’un chapeau pointu.
Le vieil arbre geint sous la lune,
Mais il a berné le grand feu
Qui a dévoré tous ses frères.
Leur âme épouvantée qui erre
S’en est allée vers d’autres lieux :
Des vallons beaucoup plus riants,
Des maisons d’or, roses ou bleues,
Des jardins séchés par le vent
Qu’il faut ombrager prou ou peu.
Lui reste là, ombrant le sol
Hérissé de souches noircies
Et de la résine brunie
L’empègue de poix et de colle.
Quatre pommes tout écailleuses
S’accrochent encor au vieux pin,
Souvenirs de la vie heureuse
De l’avant-feu. Et le Destin
Soutient l’arbre qui désespère
Si seul sur la garrigue noire .
Mais le soleil en ostensoir
Gorge ses pignes de lumière …