Au pied du pin noirci tordu par la fournaise
Tout est mort . Un tapis de cendres veloutées
Assaille son vieux tronc dévoré par la braise .
Sa carcasse déploie trois feuilles craquelées .
Tout est mort alentour , plus une goutte d’eau .
Le feu a bu à coeur tout le vert des grands bois .
Tout est sec à jamais , et même le ruisseau
Semble rongé et gris au soleil qui poudroie .
Tout semble irrémédiable , et le printemps n’est plus
Qu’une ancienne utopie , mangée par l’incendie .
La mort s’est installée et le feu a vaincu .
Tout espoir est brisé , tout semble anéanti .
Mais sous la terre froide et blanche comme mort
Une petite vie relance ses racines :
Une pousse d ‘azur , précieuse comme l’or
Que le soleil envoie au creux de la ravine .
Elle est presqu’arrivée à la surface sombre ,
Et délicate et tendre ainsi qu’un doux avril ,
Elle s’en va percer la cendre jusqu’à l’ombre
Que le vieux pin déploie pour l’aider à fleurir …