Au menu, aujourd’hui, ce jardin délaissé
Qu’on n’a pas arrosé depuis un ou deux jours ;
Les berges du talus, un massif oublié
Tout au fond de ce square et où jouent des amours
De tout petits enfants à la peau délicate :
S’il en est parmi eux qu’on n’a pas protégés,
Je vais me régaler ! Ma bedaine écarlate
Et prête à éclater va aussi se gaver
Du cuir pourtant bien dur de ces vieux loups de mer
Qui croiraient mordicus être déshonorés
S’ils protégeaient leur peau. Je suis leur adversaire
Et un ogre affamé. Mais l’on veut ignorer
Que si je suis la vie, je peux aussi tuer.
J’adore me nourrir de toute chair fragile ;
Il faut se protéger de ma férocité !
Adeptes de la plage, adorateurs serviles
De ma toute-puissance et mes fausses promesses,
Méfiez-vous tout le temps de l’énorme appêtit
Qui me fait me repaître de votre faiblesse.
Faites attention à moi : il va être midi !