Sonnet
Sur le lac ondulé un canard majuscule
Vogue comme un vaisseau ballotté par le vent.
Il s’arrête parfois et son long cou bascule
Vers la surface grise où flottent des fragments
De feuilles effritées par la bise d’automne.
Il est beau, il est blanc. Borély est en fête
Quand il glisse en douceur sur l’eau bleue de l’Huveaune.
On en oublie son cri cocasse qui trompette.
Mais quand il se redresse il perd toute beauté :
C’est un canard lourdaud avec des pieds palmés
Et un gros ventre mou traînant sur le terreau.
Et l’on est si déçu par cette balourdise,
La pataude volaille est tout à coup si grise
Qu’on frappe dans ses mains pour la chasser vers l’eau.