Dans le ciel pommelé flottent de gros grumeaux
Comme du lait caillé. Pitoyables nuages,
Orbes blancs que le vent, sans une once de rage,
Ballotte mollement. Je ne sais pas un mot
Pour dire notre ennui et notre lassitude !
Car ce ciel-là n’est point notre ciel provençal :
Imprécision brouillée d’un ennui colossal
Et formes amollies. On n’a pas l’habitude,
Le nôtre est bien plus pur, surtout quand le mistral
Tonitrue, flagellant la garrigue alentour.
Ces nuages sont mous, ils n’ont pas de contours ;
Mais l’on doit supporter leur aspect automnal :
Notre monde est ainsi, l’on ne peut rien y faire !
Il faut subir son joug et ses intempéries
Même s’il apparaît qu’il y a tromperie
Sur la saison en cours, et que notre atmosphère
Est vraiment détraquée. La Nature en péril
Se trompe tout le temps… Oui, véritable automne
Avec un vent tout mou, de la pluie, un ciel jaune !
Bel automne vraiment, mais l’on est… en avril !