Tableau illustré par un tableau de :
Daniel Plisson
www.danielplisson.fr
Happé par le mistral au plus profond du gouffre
Un monstre fait de vent et d’eau et de lumière
A jailli en hurlant vers les nuages soufre :
Une vague-montagne accouchée de la mer,
Cyclopéenne, aiguë, dressée tout comme un rut,
Dont la crête infernale est celle d’un dragon.
Sa puissance est immense et sa violence brute
A engendré sur l’eau d’énormes tourbillons
Capables de broyer de colossaux navires.
Elle est phénoménale, elle semble immortelle,
Elle roule et tournoie, elle vire et dévire
Dans un tourbillon noir que le vent échevèle.
Mais être verticale l’a rendue trop fragile.
Incapable dès lors d’escalader le ciel,
Ourlée d’écume et d’or, un instant elle oscille
Pour éclater enfin en milliards d’étincelles.
Et l’eau tout enfièvrée par l’agonie sauvage
De la folle chimère retombée des nuées
Redevient peu à peu la mer à peu près sage
Qu’on appelle chez nous la Méditerranée.