Il n’a pas bien compris pourquoi il était là,
Mais peu lui importait : la vie semblait si belle.
Quel destin merveilleux ! Cette aurore nouvelle
Lui étant accordée une seconde fois,
Il ne savait comment il avait eu la chance
Qu’on la lui ait donnée ! Pour humer à nouveau
L’air pur de sa Provence, en éternel dévot,
Y chanter son amour et sa reconnaissance ?
Il a pourtant bientôt tristement déchanté
Quand il a retrouvé un Marseille angoissant :
Ce n’était plus la ville à l’ineffable accent
Qui, quand il y vivait, l’avait tant enchanté,
Mais un monde sévère aux rues inexpressives,
Des femmes empêtrées dans de très longs manteaux,
Suivies par des barbus arriérés et brutaux.
Calme presque anormal, discrétion excessive…
Sur la ville pesait un ciel couleur de poix
L’enveloppant du gris d’un voile de tristesse.
Marseille avait perdu cette aura d’allégresse
Qu’il avait tant aimée quand il était en bas.
Un monde sans couleurs et une ville morne
Qui ne savait plus rire, hurler ou s’engueuler.
Un Marseille trop sage, abruti, esseulé,
Semblant s’abandonner à un malheur sans bornes.
Il ne savait plus trop si c’était le Midi,
Sa Provence d’antan inondée de lumière.
Tout y semblait figé, son ciel était de pierre
Et le bonheur humain semblait s’en être enfui.
Alors l’Homme a eu peur. Il s’est mis à genoux
« Mon Dieu, a-t-il prié, remonte-moi chez Nous ! »