Poème illustré par un tableau de :
Jacqueline Colbac
Je n’aime pas l’été au pays de Provence
Quand la chaleur devient dès le mois de juillet
Si lourde qu’on étouffe ; et quand trop travailler
Devient si malaisé que la moindre imprudence
Sitôt qu’il est midi vous transforme en ruisseau ;
Quand votre corps brûlant n’aspire qu’à la sieste
Dans un havre bien frais, et quand le moindre geste
Vous oblige à fournir des efforts colossaux.
Je n’aime pas l’été qui passe la mesure
Et vous garde enfermé à l’abri du soleil ;
Quand votre nez se change en un bulbe vermeil
Aussi rouge qu’un jol* passé à la friture ;
Quand vous êtes impatient que s’en vienne le soir,
Lové dans le salon carrelé de tomettes
Bien froides sous vos pieds ; et quand dans votre tête
S’agite constamment le mirifique espoir
De voir la pluie tomber d’un ciel enfin aimable.
Oh, ces longs traits d’argent rayurant le ciel gris
Embué de fraîcheur ! Vous en êtes surpris ?
La chaleur du Midi peut être épouvantable…
*Petit poisson méditerranéen, appelé aussi « mange-tout »