Poème illustré par un tableau de :
Joseph Morand
(1865-1932)
www.art.bcvs.ch
Au-dessous de l’Estrop, ruiné et délabré
Malgré ses murs épais, c’est un mazet qui penche
Très dangereusement et pourrait s’écrouler
Tout au fond du vallon où serpente la Blanche.
Chaque hiver un peu plus érodé par le froid
Qui délite en douceur ses murs bas émoussés,
Il se fond dans la roche ; et les lauzes du toit
S’emmitouflent de mousse où sont entremêlées
Des brindilles fleuries plantées par les oiseaux.
C’est un mas endeuillé ! Y vivaient autrefois
Des familles de bergers aimant rester là-haut,
Accrochés près du ciel aux pentes de guingois.
Mais ils furent chassés par trop de solitude
Et par l’écrasement de l’immense sommet
Qui les menaçait trop. En fuyant vers le Sud,
Ils allèrent se fondre en un vaste creuset…
Le vieux mas n’est plus rien, qu’une ruine éventrée
Où flotte encor un peu des souvenirs d’antan.
Il n’y a plus de vie, sauf quelques graminées
Semées sur les vieux murs par le souffle du vent.