Il faut me retenir ou je fais un malheur :
Il fait tellement beau, j’ai tant envie de fleurs
Qu’on doit me rappeler qu’il est encor trop tôt
Pour penser jardinage ! Oublions donc terreau,
Rempotage et semis… Il faut attendre avril,
Un peu plus de chaleur, même si le babil
Des oiseaux amoureux me chante le contraire :
« Laisse-toi donc tenter ! ». Et c’est vrai que la terre
Toute gorgée de sève a l’air bien avenant…
Depuis bientôt un mois il n’y a pas de vent :
Le mistral aurait-il oublié la Provence ?
Il fait tellement doux… Quelle incroyable chance
Que ce printemps hâtif qui sent bon le bonheur !
Mais je dois résister, ce n’est pas encor l’heure !
Le mauvais temps sans doute embusqué dans un coin,
Qui peut-être ne veut que flinguer mon jardin,
Est prêt à dégainer : gare au maudit coquin !
Ne nous pressons pas trop… C’est vrai que le matin,
Il fait encor très frais, que le Midi frissonne,
Même si le printemps me fait signe et fredonne
Sa petite chanson. Mais je reste stoïque,
Et si je veux avoir un jardin mirifique,
Il me faut juguler ce désir de planter.
Il est encore trop tôt ! Je vais aller rêver…