Poème illustré par un tableau de :
Marc Chagall
(1887-1985)
Préparer un gâteau, mettre la jolie nappe
Toute brodée de bleu où chantent des oiseaux ;
Et ne pas oublier de poser ton cadeau
Auprès de ton assiette… Est-ce le temps qui frappe
En sourdine à la porte ? Il vient nous rappeler
Qu’en passant, doucereux, de ses dents il grignote
Toute existence à deux ; que ses douces quenottes
Raient implacablement les vies bien trop soudées
Et qu’inflexiblement il devient habitude !
Mais il faut oublier aujourd’hui d’y penser ;
Fêter ce jour spécial, aimer, boire et chanter…
Préférerions-nous donc vivre une solitude
Qui, sans être abrasante, est parfois un fardeau ?
Nous devons être heureux : c’est notre anniversaire !
Si sa célébration pour nous n’est plus très claire,
Il faut continuer, et même dos à dos !
Levons à notre vie, au Passé, cette coupe !
Tout s’use au fil du temps, et même le bonheur,
Car les jours en passant érodent tous les coeurs…
Voudrais-tu un peu plus de cette exquise soupe
Aux truffes de chez nous ? Mais il est déjà tard.
Les bougies ont fondu et la fête est finie…
Il faudra dès demain reprendre notre vie,
Tenter d’en recoller les éléments épars.