C’était au mois d’avril, le printemps explosait.
Le jardin de Zoé n’était qu’une aire aride
Où plus rien ne poussait ; et son coeur était vide
De tout attachement, incapable d’aimer.
Une vie endurcie dont Eros eut pitié :
Il s’en est donc venu, poches gonflées de graines
Qu’il a semées partout, printanières étrennes
Pour une solitaire en grand manque d’aimer.
Ne plaignant pas sa peine, le dieu s’est démené,
Lançant à la volée ses précieuses offrandes,
Accordées par faveur en guise de prébende
A la femme au coeur sec ne sachant plus aimer.
L’infertile jardin est toujours un pierrier,
Mais le coeur a fleuri, où germe la tendresse
D’un amour tout nouveau dont la douce caresse
Remémore à Zoé ce qu’est le verbe aimer…
Eros est reparti vers d’autres oubliés
A l’âme corrodée par une vie féroce,
Moultes séparations et deuils bien trop précoces.
Ils s’en vont derechef réapprendre à aimer…