Barbiche en éventail et les deux mains croisées
Sur son gros ventre mou qu’il appelle un giron,
Il est la coqueluche de tout Tarascon.
Et il faut voir rouler les yeux ronds effarés
Des badauds étonnés par le combat sanglant
Qu’il mena contre un lion, là-bas, en Algérie,
Son récit délirant les laissant esbaubis !
Alors l’homme en rajoute et se croit un géant …
Si l’on savait, pourtant, la vraie vérité vraie :
Que le grand Tartarin est vraiment un minable !
Aveugle et sympathique et vraiment très affable,
Son grand fauve abattu était apprivoisé !
Et si l’on apprenait qu’au milieu du désert,
Le seul vrai compagnon fidèle au demi-dieu,
Le collant pas à pas en le couvant des yeux,
C’est ce chameau idiot qui le suivit en mer …
Mais personne ne sait ou ne veut le savoir
Car notre Tartarin se doit d’être un héros.
Si l’homme est un benêt, il porte vraiment beau
Pour les Tarasconnais épris de ses histoires.