La pluie tombe en rideau incessant, monotone,
Dégringolant tout droit du ciel aux reflets jaunes ;
Un ciel vraiment très haut : c’est ainsi par ici !
Il est toujours très haut même par très grand’pluie !
L’on dirait que des traits hachurent Oraison,
Raides et verticaux, comme lestés de plomb ;
Une douche géante et froide martelant
Les rues éclaboussées d’un réseau crépitant.
Le château camouflé par ce torrent céleste
N’est plus qu’une illusion, qu’un prodige funeste
Gommerait en douceur ; l’estompant lentement,
Enrésillant* ses tours dans un filet d’argent.
Car la trombe est un mur tellement démentiel
Qu’elle efface Oraison où le flot torrentiel
Commence à submerger la route et les trottoirs.
La ville annihilée sous ce grand déversoir
Semble vide d’humains. Seules deux, trois autos
Osent encor rouler sous la muraille d’eau,
Essuie-glace affolés par l’énorme trop-plein.
On n’a jamais vu ça, et mars commence bien…
* Néologisme !