Echappée de sa cage ouverte par le vent
Ou par un Dieu lapon – Je ne saurais vous dire !
Loin du cirque, du bruit, de la foule en délire,
La petite otarie s’étire longuement
Bâillant insolemment de tout son museau gris.
La moustache hérissée et le croc batailleur,
Sentant que désormais sa vie n’est plus ailleurs
Que sur ce rocher noir non loin de Sanary,
Elle doit s’exercer à s’en aller chasser
Dans des eaux bleu-marine et chaudes qu’elle ignore.
Le soleil du Midi transforme en perles d’or
Les gouttes d’eau glissant sur son corps fuselé.
Elle est fine et agile et va vite oublier
La vie civilisée qu’on lui avait offerte ;
Depuis que sa prison humaine s’est ouverte,
Nageant toujours plus loin, elle joue à plonger
Au creux noir de l’abîme inconnu et immense :
Quand elle en rejaillit on dirait qu’elle est ivre !
Et l’otarie rebelle aboie la joie de vivre
Trouvée au creux des flots qui bercent et qui dansent.