Autrefois à Montbrun vivait un vieux lutin
Tout perclus de douleurs : ses articulations
Faisaient un bruit d’enfer à chaque contorsion.
Or un lutin normal doit sauter sur les mains,
Virevolter partout comme un gai papillon …
Il était donc honteux et vraiment malheureux
D’être gourd, d’être laid, en un mot d’être vieux,
Et se cachait souvent dans le creux d’un vallon
Pour y pleurer sans cesse au long de ses journées.
Tant et si bien qu’un jour ses larmes drues formèrent
Un ruisselet charmant mais aux eaux bien amères
Qu’il goûta néanmoins étant tout assoiffé.
Et ce fut le miracle : il était tout léger !
Il se vautra dans l’eau, nagea, y pataugea
De plus en plus gaillard et de moins en moins las !
Quand ce fut terminé, il était dérouillé !
Depuis il vit heureux, aussi vif qu’un gamin.
Il s’est même marié avec une lutine
De cent trente ans passés : une presque-gamine !
Quand il se sent tordu, il va reprendre un bain …