Un jour froid, l’autre chaud : c’est la grande bagarre
Entre un Printemps tout neuf et un trop vieil Hiver.
Choc des générations ? Une lutte bizarre
A grands coups de flocons, de bourgeons déjà verts,
De brise ou de mistral ! Une guerre éternelle…
On croyait pourtant bien que c’en était fini
De ce sinistre temps, quand ce vieux malappris
Est revenu chez nous pour y chercher querelle
Au printemps affairé à réchauffer la terre,
Défroisser les boutons, reverdir les scions
Et booster les épis dans le creux des sillons…
Ayant à la fin mars vraiment bien trop à faire
Pour le laisser ainsi saligoter sa tâche,
Le Printemps s’exaspère et ne supporte plus
Les procédés douteux de ce vieux malotru.
Aussi arrive-t-il que parfois il se fâche
Et déflagre soudain en un énorme orage :
Il hurle, il tonitrue, se déverse du ciel
En un rideau de pluie. Puis un grand arc-en-ciel
Reliant les coteaux fait qu’il oublie sa rage.
Il reprend son boulot, fier que son adversaire
Faiblisse toujours plus, très vite, chaque jour,
Car il sait qu’il ne peut, non plus, durer toujours !
Il lui reste deux mois, et le Temps est sévère…