Poème illustré par un tableau de :
Alfred Sisley
(1839-1899)
Je n’aime pas l’automne : il me fait souvenir
Avec ses longues nuits et ses mornes soupirs
D’un impossible amour. De ceux où s’abandonnent.
Et le coeur et le corps… Un très ancien automne :
Le Midi s’endormant sous un manteau de brume ;
Des bois phosphorescents où lentement s’allument
Les feuilles cramoisies par les derniers sursauts
Du soleil déclinant ; et l’aube sur Allauch
Alanguie sous la pluie. C’était un vieil hôtel,
L’Auberge des Pins bleus… Un moment irréel
Où tout semblait possible… Peut-être trop parfait
Pour durer à jamais ? Je croyais être aimée,
Mais cet amour de paille était aussi fugace
Que cet automne gris. Et l’impalpable trace
De ces moments heureux fut bien vite effacée
Par ta vie trépidante. A moi, il n’est resté
Que ces quelques regrets ravivés par novembre.
Ce fut un mois amer avec un goût de cendres
Qui marqua à jamais ma lointaine jeunesse.
Il n’en subsiste plus qu’une vague tristesse
Renaissant chaque année quand s’est éteint l’été.
Je ne sais même pas où tu t’en es allé…
Le ciel à l’unisson de ces vieux souvenirs
Larmoie tout doucement sans se pouvoir tarir.