Poème illustré par un tableau de :
Jean-Marc Janiaczyk
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Pourrais-je vivre ailleurs ? Je ne le pense pas !
Il y a si longtemps que je vis en Provence :
La douceur de son ciel, son mistral, son outrance…
En ce futur fragile où ma vie pas à pas
S’en va se rabougrir, je resterai ici.
L’air y est délicieux ; nulle part la lumière
N’y est aussi dorée, ni si bleue, ni si claire.
Ce pays du soleil devenu mon pays
M’a toujours acceptée, moi, la fille du Nord,
Et il m’a consolée de toutes ces misères
Qui ponctuent un destin. Le temps qui se resserre
Autour de moi, dolce, et précède une mort
– Que j’espère lointaine ! ici me trouvera.
Mais fi de tout chagrin ! Je ne me sens pas vieille,
Car le temps du Midi fait de telles merveilles
Que les ans languissants glissent tout doux sur moi :
C’est du moins mon espoir ! Il fait beau aujourd’hui,
Et le ciel est si bleu qu’il est presque marine,
Tout autant que la mer. La Provence est divine
Comme un grand Paradis sous le soleil qui luit
Presque à longueur d’année. C’est le pays du miel,
De l’âpreté aussi. La terre lumineuse
Où se côtoient violence et vénusté charmeuse,
Où s’imbriquent si bien et la mer et le ciel.