Avec délicatesse et en catimini,
La Méditerranée, lovée contre Marseille,
Le grignote tout doux. Marseille s’émerveille,
Mais il n’a pas compris qu’elle est un ennemi
Car c’est traîtreusement qu’elle l’use et l’érode :
Un petit bout par-là, un petit bout par-ci !
Paraissant ignorer qu’il en sera ainsi
Tout au long fil du temps, la ville s’accommode
De perdre à chaque instant des bribes de sa côte.
La mer en s’y glissant la lèche tendrement
De ses vagues salées ; et c’est tout doucement
Que l’autre s’affaiblit quand les vagues baisotent
Ses plages et ses rocs avec force patience.
La mer n’est pas pressée car elle a tout son temps :
Des milliers d’années, peut-être plus, d’autant
Que le nouveau climat accentue sa puissance.
Elle va, elle vient, elle frôle, caresse
Le sable, les rochers, de son flot alangui ;
Parfois un coup de chien, quand elle se languit
De voir le processus qui traîne et qui paresse…
Et puis elle reprend l’inlassable labeur
Que lui a destiné sa mère la Nature
Dont le but avéré est que nul ne perdure.
Marseille périra, car de tout tel est l’heur…