L’esseulé

Chagall

Poème illustré par un tableau de :

Marc Chagall
(1887-1985)

Quand il rentre chez lui, sa maison est bien vide :
Il y a fort longtemps que plus rien ni personne
Ne l’y viennent troubler, sauf l’horloge qui sonne
Et son chat Erémos poussant un nez avide

Tout contre ses mollets : avide de pâtée
Ou avide d’amour ? En manque de tendresse,
Son maître un peu trop seul dépose une caresse
Sur son pelage roux aux ondes veloutées.

Il y a son fauteuil qui lui tend ses gros bras.
Il s’y laisse tomber, et le meuble l’enserre
Comme pourrait le faire un doux giron de mère.
C’est vrai qu’il est bien seul, mais il n’en fait plus cas :

Il en a l’habitude ! Et il fait chaud, chez lui…
Dehors, le mistral souffle en secouant sa porte,
Mais l’âtre rougeoyant tout doux le réconforte
Malgré les tremblements qui font tressauter l’huis.

Son chat énamouré ronronne dans son cou,
Et l’homme seul se dit qu’il a bien de la chance
D’être ainsi adoré sans nulle réticence…
L’horloge dans l’entrée bat à tout petits coups.

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans A la maison, Hiver, Les gens, Zooland. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à L’esseulé

  1. Bruni dit :

    Très touchant ce poème…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.