Mon cœur est tout empli de l’espoir insensé
De voir le sol frémir, et d’y voir repousser
Une vie rénovée ! Oh, puisse le printemps
Rejaillir très très vite, et qu’enfin le beau temps
Se remette à vibrer dans le ciel provençal !
Peut-être est-ce aujourd’hui que naîtra le signal
De sa présence ici ? Serions-nous donc sortis
De ces mornes frimas qui nous ont engloutis
Depuis bien trop longtemps ? Et si vous me voyiez,
Inclinée vers la terre et plissant fort des yeux
Pour y trouver un brin issu de ces caïeux
Plantés avec grand soin et tellement choyés ;
Une petite pousse, un rameau bien costaud,
Un petit rien du tout, mais si dru et si vert
Qu’il ait assez de punch pour terrasser l’hiver !
Tout comme une virgule, un vert coup de pinceau
Peint sur le sol noirci encor tout racorni…
Il va falloir couper ces branchages jaunis
Qui rappellent l’hiver, bridant l’effloraison
Des tout nouveaux rameaux bien plus que de raison ;
Ramasser les déchets, balayer le jardin
Et passer le râteau : tout préparer enfin
Pour que notre printemps se sente ici chez lui.
Vois dans le ciel lavé ce gros soleil qui luit !