La Primavera de Botticelli ( extrait)
Le Printemps balbutie, et il a bien du mal
A rire et à chanter comme à son habitude,
A effleurer ces corps qu’il aleste et dénude
Au tout début de mai. Tout paraît anormal
Et si triste ! Il fait froid et un terrible vent
S’époumonne en hurlant, tout écumant de rage
Et de folie furieuse. Et la mer qu’il outrage
Se contorsionne trop , trop fort et trop souvent.
Cette année, tout est trop ! Le Printemps n’en peut plus,
Ne reconnaît plus rien. Est-ce que la Nature
En a assez de tout ? Et cette démesure
Est-elle le signal que les Temps sont venus,
Que la Terre a fini son cours dans l’Univers ?
Le Printemps s’ingénie malgré tout à déclore
Les bourgeons chiffonnés. Gentiment il décore
Mon jardin vraiment terne en le peignant en vert.
Il s’acharne à bosser et ne veut pas déchoir
En perdant la bataille. Elle est trop importante !
Il stimule la terre et elle est très contente
D’être ainsi titillée du matin jusqu’au soir
Dès que filtre un rayon offert par le soleil.
Ne lâche rien, Printemps ! Nous sommes à genoux,
L’on a besoin de toi pour demeurer debout.
N’es-tu point plus que tout l’image du réveil ?