Le Sauze* dort encore. Encor deux mois tranquille !
Le village se tait. Tout y est immobile
Sous le ciel transparent englobant la station
Désertée pour un temps par l’immense légion
Qui va y déferler aux prochaines vacances.
Tout est blanc alentour ! Peut-être une vraie chance,
Mais aussi du bazar, du tintouin, du boucan
Pour le si joli bourg négocié à l’encan
Par des marchands de biens qui galvaudent sa neige.
Pour le moment ça va. Sous la lumière beige
Tamisée comme il faut de son ciel montagnard
Le Sauze se prélasse, et, tel un gros lézard,
Offre ses vieux chalets au soleil de novembre.
La montagne est roussie par les rais couleur d’ambre
Qu’y projette en guingois le soleil tout perclus
Et tout juste levé. Il ne triomphe plus :
L’automne est sans pitié, bien que lui-même oublie
Qu’il va mourir bientôt. La lumière affaiblie
Caresse doucement le village qui dort,
Soudain auréolé d’une poussière d’or.
Il est dans l’entre deux, deux grand remue-ménage
Pas très bien adaptés à un bourg de son âge.
Mais comment pourrait vivre un village d’antan
S’il ne s’adaptait point au rythme de son temps ?
*Le Sauze est une station des Alpes de Haute-Provence