Le printemps qui s’avance à pattes de velours
Le fait en tapinois et subrepticement.
Tout juste réveillé, le soleil languissant
Semble ne plus savoir luire qu’à contre-jour.
Le jardin est grisâtre et tout y dort encor.
Sur les champs recouverts d’une brume vert pâle
Pleuvent des rayons clairs, sous les nuées d’opale
D’où fusent quelquefois de rares éclats d’or.
Car la nature est prête, et tout peut exploser
Du jour au lendemain en grande apothéose.
Les matins sont plus doux, et les boutons des roses
Pointent déjà leurs yeux sur le bois des rosiers.
N’aie donc plus peur, Printemps, et laisse-toi aller…
Si l’hiver quelquefois nous montre encor les dents
Et fait le matamore, il n’est plus très vaillant
Car il n’a plus la main, bien qu’il soit ton aîné !
Viens nous voir en vainqueur, rayonnant et paré
De feuilles et de fleurs et d’herbes odorantes.
Séduis notre Provence et fais en ton amante.
Sois sûr de toi, Printemps : c’est à toi de jouer…