Rousseur d’automne

le-banc-

La pluie s’est arrêtée ; le chemin est gorgé
D’étincelles et d’eau. Il luit sous les nuages
Qui roulent dans le ciel. Y gronde encor l’orage
Dont l’ultime fracas s’éloigne vers Puget.

La lumière est si rousse au-dessus du jardin
Qu’il pourrait s’enflammer. Et les feux de l’automne
Embrasent les allées, de l’ocre pâle au jaune.
Le feuillage frémit sous un vent anodin

Comme il l’est rarement au mitan de novembre,
Flambant à la folie sous les rais d’un soleil
Qui veut encor paraître avant son grand sommeil.
L’hiver s’en va l’éteindre, et le mois de décembre

Est déjà embusqué pour l’ultime curée.
Mais mieux vaut l’oublier, ne voir que la splendeur
De cet or en fusion ; l’inextinguible ardeur
De cet automne fou à la folle durée.

Comme il vient de pleuvoir, le sol phosphorescent
Scintille sous les nues, et sa couleur est rousse
Comme tout alentour. La lum(iè)re éclabousse
Le vieux banc délabré de jets luminescents…

Parfois un éclair fuse en un dernier éclat,
Accentuant encor les teintes mordorées.
Dans l’allée du jardin, la pluie évaporée
Flotte en voile argenté sur le sol chocolat.

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans Automne, Cités provençales. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *