Un nuage est posté au-dessus de Quinson,
Tout gonflé jusqu’au cœur d’une pluie trépidante,
Automnale et tardive : une nuée ardente
Qui grésille d’éclairs et d’énormes grêlons.
Les gens tout affolés, effarés par le bruit,
Se sont mis à prier afin que le nuage
S’ensauve bien plus loin, au large du village.
Ils se fichent pas mal qu’il pleuve sur autrui,
Pourvu que la nuée épargne leur maison.
Il est juste midi, mais il fait vraiment sombre
Sous le grand cumulus. Née de l’Enfer, cette ombre
Noire comme la nuit défie toute raison !
Vaste nuage en cœur, mais saturé de peur :
Un nuage à tempête, un nuage à tornade…
Le cœur des Quinsonnais, qui bat fort la chamade,
Va se rompre tout net, brisé par la terreur
Car le nuage noir est vraiment monstrueux :
Posé sur l’azur clair, un ciel d’apocalypse
Qui prend en se vrillant la forme d’une ellipse !
Les gens épouvantés se sont terrés chez eux…
La prière a marché, et les gens de Quinson
Ont bien fait le boulot : la monstrueuse averse,
Prenant selon leur voeu un chemin de traverse,
Est allée ravager un quartier d’Esparron !