Poème illustré par un tableau de :
Pierre-Auguste Renoir
( 1841-1919)
Ils se sont rencontrés au début de l’été,
Quand la langueur du jour permet juste de voir
Des traits un peu gommés par la clarté du soir
Qui met une sourdine à la réalité.
Il l’a trouvée très belle ; elle l’a trouvé beau,
Malgré un certain âge et un coup de soleil
Qui posait sur son nez un petit rond vermeil.
Comme ce soir d’été n’était vraiment pas chaud,
Il a prêté sa veste à la dame frileuse
Dont le châle de soie était bien trop léger.
Elle s’appelait Anne, il se nommait Roger…
Elle lui a semblé aussi fraîche et moelleuse
Qu’un ravissant gâteau encor bon à croquer…
Elle lui a souri, puis a posé sa main
Sur son bras basané en lui disant : « Demain,
Venez la re-chercher ! »… Il était estoqué,
Et c’en fut donc fini d’un vieux célibataire !
Ainsi naquit en juin un fort joli roman,
A cause d’un veston en pilou ottoman !
Les raisons du bonheur sont parfois terre à terre…