Poème illustré par un tableau de :
Eric Bruni
www.bruni-gallery.com
Entre mer et montagne, il est une maison
Bien accrochée au roc depuis moultes années :
Entre Marseilleveyre et Méditerranée,
Construite par hasard, sans rime ni raison.
Celui qui l’a bâtie est un vieux Marseillais
Dont chacun se gaussait, l’appelant le fada.
Car qui aurait osé s’aventurer par là
Pour ériger son gîte, ancré sur un rocher ?
Mais l’ancien l’a tenté. La maison a tenu
Malgré le grand mistral, les à-coups de la terre :
Fort bien enracinée, farouche et solitaire
Tout comme une vigie sur son roc gris et nu,
Havre entre ciel et mer accroché au ressaut,
Avec ce paysage à vous couper le souffle.
Panorama divin, même si l’on s’essouffle
A gravir le chemin qui mène tout là-haut…
Maintenant le vieil homme a un bien convoité
Que chacun lui envie. Il pourrait être riche,
Tout au moins fort aisé, car sa maison se niche
Au coeur du vieux huitième, un quartier très huppé.
Mais il n’est pas tenté de quitter son Eden
Quand du haut de son nid, posté sur sa terrasse,
Il contemple la mer éraflée par la trace
D’un bateau minuscule à l’argentine traîne.
Marseilleveyre est blanc, les eaux sont outremer…
Une blanche maison accrochée à la pente…
Le vieux monsieur est mort : on l’a mise à la vente.
Un paradis sur terre, entre montagne et mer…