Poème illustré par un tableau de :
Filipe B. Varela
www.filipebvarela.com
Savez-vous qu’il ne reste à cette pâquerette
Que quelque temps à vivre ? Infime silhouette
En ces jours rallongés où les heures s’étalent,
Elle est à l’agonie ; et bientôt ses pétales,
Détachés par le vent, couvriront la poussière ;
Mais ils sont si nacrés et nimbés de lumière
Qu’ils vont laisser au sol une jonchée de blanc :
Tristes restes jolis et piètres faux-semblant
Voués à disparaître ! Artificieuse fin…
Mais faut-il brocarder ces moments où l’on feint
D’être toujours bien vert ? Tout comme la fleurette
Qui s’essaie bravement à redresser la tête
Face au soleil, là-haut, et fait belle figure,
Doit-on considérer tout comme une imposture
L’écho qu’on veut laisser à tous ses bons amis ?
Oh, ce trépas perçu et sans cesse remis…
La petite fleur ploie ; le jaune de son coeur
Pâlit presqu’à vue d’oeil, et la faible lueur
Qu’il dispense alentour est vraiment dérisoire…
Ses efforts orgueilleux sont-ils une victoire ?
Ne vaudrait-il pas mieux qu’elle se laisse aller
Puisque son dur combat ne peut annihiler
Le mal qui la détruit ? Car la mort est pressante,
Qui va broyer la fleur dès l’aube renaissante…