Poème illustré par un tableau de :
Yokozaza
Enveloppant les toits que grisaille l’hiver,
Le ciel les arrondit et en use les angles ;
Le voile vaporeux qui nimbe le triangle
Du clocher de Peillon l’a presque recouvert.
Tout est fantomatique : on croirait que le monde
Incertain et plus flou s’est peu à peu drapé
Dans un brouillard confus. Tout y est estompé :
Plus aucun angle droit, des lignes bien plus rondes
Dans les rues du village où la fuite du temps
Semble s’être arrêtée. Gommés par cette crasse,
Les gens ont disparu dans la grise brumasse
D’un lourd matin d’hiver étrange et inquiétant.
L’on n’entend aucun bruit dans le village vide,
Et le jour presqu’éteint s’y est évanoui,
Avalé par la brume. Un silence inouï,
Où clapote parfois la vibration humide
De l’eau dans un bassin où fume une vapeur,
Résonne par les rues bizarrement tranquilles.
Peillon n’est soudain plus qu’une petite ville
Comme tétanisée où divague la peur,
La peur d’un irréel en forme de chimère,
Sans solides appuis, où plus rien n’est certain ;
Où le moindre soupir peut sembler clandestin
Tant le silence y bruit d’un étonnant mystère…