Poème illustré par un tableau de :
Auguste Renoir
(1841-1919)
On les appelait chrysanthèmes
Quand on ne les offrait qu’aux morts,
Et ils portaient cet anathème
Comme un funeste mauvais sort.
Souffrant du mois de leur naissance
Au seuil venteux du presqu’hiver,
Ce sont pourtant eux qui dispensent
L’air d’un jardin au cimetière.
C’était un joli nom, antan.
L’or y rutilait, rouge-orange.
Ce sont des messagers du vent,
Des marguerites très étranges.
Crépelés et multicolores,
Ces miracles d’effloraison
Explosent en milliers d’aurores
En bravant la male saison.
Dans novembre gris et atone
Où ils flamboient échevelés ,
Ce sont les soleils de l’automne
Parfumés d’un reste d’été.