Poème illustré par un tableau de :
Georges Braque
(1882-1963)
Grimpant sur le chemin serpentant vers le mas,
Dans le pin surplombant le maquis souffreteux
J’ai vu un bel oiseau : un oiseau merveilleux
Dont le chant mélodieux a imprimé sa trace
A jamais dans mon coeur. Etait-ce un oiseau-lyre ?
Mais non ! Pas en Provence ! Il n’y a par ici
Que des oiseaux normaux ! Pas d’oiseaux-fantaisie !
Etait-il inventé et né d’un doux délire ?
Son plumage luisait ; sa tête était huppée
D’une couronne d’or ; sa longue queue bifide
D’un beige lumineux tachetée d’éphélides
Comme ton joli nez. Et son bec recourbé
Etait long et pointu comme une fine aiguille.
Mais c’est surtout son chant qui m’a comme envoûtée :
Roulades en cascade et qui semblaient couler
Du haut en bas du ciel en roucoulantes trilles !
Hélas ! J’ai dû bouger car soudain la merveille
A cessé de chanter et a pris son essor ;
Et laissant derrière elle un long sillage d’or,
Elle est montée en flèche, au loin, vers le soleil.