Le ciel est délavé par ce brouillard qui dure
Depuis bien trop longtemps. L’on en est presqu’inquiet,
D’autant que, dans le Nord, l’on nous prend en pitié
Et que nous nous sentons victimes d’imposture !
Car, là-haut, il fait beau et l’automne est joli ;
Alors que le Midi fait bien terne figure
Sous une douce brise à la molle texture,
Partout le soleil luit, et il ne pleut… qu’ici !
Ce qui est inouï, c’est qu’on se sent vexés
Comme si l’on pouvait y faire quelque chose.
On est préoccupé, l’on en cherche la cause :
Un Etat du grand Nord aurait-il annexé
Sans qu’on en sache rien notre belle Provence ?
Toujours est-il qu’il pleut, qu’il y a du brouillard,
Qu’il vente tous les jours… Est-ce dû au hasard
Ou devons nous payer un trop plein d’insouciance ?
Eh bien, oui : c’est ainsi ! Et nous savons enfin
Ce qu’est un mauvais temps entêté qui perdure.
Provençaux trop gâtés qui en sont à conclure
Que le sort a changé à jamais leur destin !