Au delà du fin-fond de ce Midi très sombre
Dont mieux vaut oublier les maléfiques ombres,
Il est un très vieux mas au-dessus d’un vallon
Où personne ne va. Vestiges en surplomb
D’un torrent desséché où jamais l’eau ne coule
Car il pleut rarement. Et des pierres y roulent
En cascades claquant comme coups de fusil :
Le seul bruit presqu’humain qu’on peut entendre ici.
Ruines plutôt qu’abri, la maison est cassée
Par le gel et le vent, et ses pierres lassées
De devoir résister s’abandonnent au temps.
Une maison brisée, et depuis si longtemps
Qu’on peut se demander si autrefois des hommes
Y passèrent leur vie et y moururent comme
En toutes les maisons construites pour durer.
Une bâtisse morte au destin éventré.
N’y vit qu’un habitant : hautain et hiératique,
C’est un très vieil hibou à l’aspect fantastique
Hululant tristement et à longueur de nuit,
Silhouette figée sous la lune qui luit.