Poème illustré par un tableau de :
Eugène Claude
(1841-1922)
Devant sa porte, ce matin,
Aude a trouvé un grand panier
Où quelqu’un avait agencé
Comme bijoux dans leur écrin
De frêles bouquets de violettes :
Légères fleurs du mois de mai
Dont le parfum doux et discret
Lui fit papillonner la tête.
Deux pétales bleus vers le haut,
Trois autres tournés vers le bas
Déjà flétris et un peu las !
Sans un peu d’ombre et un peu d’eau,
Les fleurs avaient triste figure,
Comme le timide amoureux
Qui attendait pâle et anxieux
Sa honte et sa déconfiture.
Et c’est bien ce qui arriva :
Sans regarder qui patientait
Caché sous le vieil olivier,
Elle les prit et les jeta…
Il reprit le panier, les fleurs
Agonisant dans le fossé ;
Mais il les a ressuscitées
En les arrosant de ses pleurs.