Un fantôme chétif est couché dans les champs
Où paît benoîtement un troupeau d’oliviers.
Ils sont vert-de-grisés, tout tordus. Et le vent
De jour en jour plus fou les a échevelés.
Leurs rameaux bien trop secs s’abreuvent de soleil
Et leur ombre est légère à la terre asséchée.
Leurs fruits gras et replets boivent l’aura vermeille
Qui tombe du ciel bleu et les gave d’été.
C’est l’esprit de Van Gogh qui s’en est revenu
Au pays du soleil où poussent les olives.
Arles n’est pas bien loin. Le peintre s’est perdu
Au beau milieu des champs, silhouette furtive
Dont l’ombre est si menue au creux bleu des sillons
Que les cigales d’or l’ont à peine entrevue.
Enivrées de chaleur sur l’écorce marron,
Elles craquètent doux leur chant jusques aux nues,
Pour lui, pour l’homme roux au pied de l’olivier,
Le peintre halluciné dans la lumière fauve.
Et l’arbre aimé des dieux semble s’être penché
Sur le fantôme gris couché sur le sol mauve…