Poème inspiré par ce tableau de :
Tadeusz Gazda
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Les brugnons de Marius étaient si délicieux
Qu’ils régalaient gratis une foule d’oiseaux
Chapardeurs et gourmets, se passant tous le mot
Pour ne laisser des fruits qu’un noyau… et la queue !
Quand Marius en eut marre, il se fabricota
Un grand épouvantail qu’il mit dans son verger ;
Si laid, si effrayant, qu’aussitôt, terrifiés,
Les petits prédateurs s’enfuirent loin du mas
Vers le clos d’Honoré tout au bout du village…
Sauf un très vieux moineau au crâne un peu moins creux !
L’homme crut faire bien en croyant faire mieux
Pour chasser le testard ; et pensant être sage,
Il re-confectionna un deuxième fantoche
Avec une perruque et des jupons de femme :
Une fille, un garçon ! Aussitôt une flamme
Jaillit des deux pantins qui, bien qu’ils soient fort moches,
Ne surent plus alors que s’entre-regarder,
Tout éperdus d’amour dans leurs vieux oripeaux,
Oubliant qu’ils devaient faire peur aux oiseaux !
Marius fou de colèr(e) décida de cramer
Ces deux fous empaillés tout à leurs fiançailles ;
Et il allait céder à sa juste fureur
Quand le moineau ralliant les autres resquilleurs
S’enfuit chez Honoré pour y faire ripaille,
Feignant une grand’peur même s’il rigolait,
Sauvant en s’escampant les deux épouvantails ;
Car il poussa Marius, ennemi du travail,
A juger moins urgent de se décarcasser
A brûler ces deux fous au fond de son jardin !
Ils durent leur survie à l’attrape-nigaud
De l’oiseau qui fit mine de fuir. Faux bourreaux
Au gros coeur d’artichaut sous la paille et le crin…
Car la pitié sied bien à la gent animale !
A l’Homme plus souvent la laideur et le mal…